Editorial

Une critique 2.0 ?
Criticism 2.0?
Christophe Domino

Si le souffle de l’informatique a marqué les pratiques des archivistes, comme nous l’évoquons dans ce numéro en rappelant la fondation des Archives de la critique d’art (ACA) en 1989, son développement a aussi transformé la pratique de la critique d’art et l’activité des auteurs. De la rature à la touche [effacer], de la paperolle au copier-coller, de la progression linéaire entre brouillons et notes volantes à la composition cumulative et stratifiée, les auteurs ont appris de nouveaux usages intimes, d’abord avec enthousiasme ou malgré eux, désormais comme une condition native de l’écrit, devant l’évidence instantanée dus texte composé sur la surface lumineuse de l’écran. Puis ils furent vite connectés, nourris et nourrissant le monde en ligne, vers une nouvelle fortune de la critique – à défaut de la leur ! Le renouvellement des usages éditoriaux a ravi et inquiété. Il a été célébré et honni. Mais il constitue un défi des plus stimulants pour les lecteurs et pour les auteurs, dans l’immédiateté, la dense versatilité, la furtivité de l’Internet. Si publier et lire en ligne ouvrent des territoires au discours critique, qu’en est-il des modes d’écriture, des langages et des figures de la pensée, de l’outillage notionnel ?

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If the afflatus of computers has marked the activities of archivists, as we are reminded in this issue about the founding of the Archives de la critique d’art (ACA) in 1989, the development of computer technology, and data-processing, has also transformed the practice of art criticism and the activities of authors. From scratching out to the [delete] key, from scraps of paper to copy-and-paste, from linear scripting progression between drafts and occasional notes to cumulative and layered composition, authors have learned new private uses, first with enthusiasm or despite themselves, then as a native condition of the written word, faced with the instant display of text composed on an illuminated screen. Then they were swiftly connected, nurtured by and nurturing the online world, heading towards a new fortune for criticism—for want of their own fortune! The renewal of publishing habits has both delighted and worried people. They have been celebrated and hated. But this renewal now represents an extremely stimulating challenge for readers and for authors, in all the immediacy, dense versatility and stealthiness of the Internet. If publishing and reading online open up various areas to critical discourse, what about writing methods, languages and figures of thought, and notional equipment?