Conférence de presse sur les archives de Pierre Restany
11oct14 h 48 min14 h 48 minConférence de presse sur les archives de Pierre Restany
Détails de l'événement
CONFERENCE DE PRESSE VENDREDI 3 MARS 2006 – 18h30 INSTITUT NATIONAL D’HISTOIRE DE L’ART, PARIS Actualité du
Détails de l'événement
CONFERENCE DE PRESSE VENDREDI 3 MARS 2006 – 18h30 |
Actualité du fonds d’archives Pierre Restany
Les archives de Pierre Restany sont conservées aux Archives de
la critique d’art à Châteaugiron en Bretagne. Ce fonds de l’une des
figures majeures de la critique d’art du xxe siècle
résulte de l’étroite relation de Pierre Restany avec les Archives
de la critique d’art depuis leur création en 1989.
Au décès de Pierre Restany en 2003, son épouse, José-Anne Decock
Restany, a choisi de poursuivre cette collaboration par un don
exceptionnel effectué en plusieurs versements correspondant à 180
mètres linéaires d’archives, portant la totalité du fonds à 253,65
mètres linéaires. Cet apport comprend de très nombreux manuscrits,
correspondances et documents divers qui constituent une source
majeure pour la connaissance de l’histoire de l’art de la seconde
moitié du xxe siècle.
La richesse de ce fonds justifiait que soient aussitôt lancés
des programmes d’inventaire, de recherche et de valorisation
d’envergure. Parmi eux, le premier, en collaboration avec
l’Institut national d’histoire de l’art, a permis notamment
d’inventorier les 398 dossiers d’artistes issus de cet apport et de
mettre en ligne cet inventaire dans le Guide des fonds d’archives
sur le site internet des Archives de la critique d’art ; un
deuxième programme, avec le laboratoire de recherche
« Histoire et critique des arts » de l’Université Rennes
2-Haute Bretagne, porte plus spécifiquement sur les archives
relatives à la performance, au happening, aux actions
spectacles.
La conférence de presse sera l’occasion de rendre hommage Ã
Madame Decock Restany dont la générosité a rendu possible la
reconstitution du fonds d’archives de Pierre Restany et de donner
ainsi tout son sens à son engagement et à son action critique.
Elle permettra également d’annoncer les manifestations associées
à ces différents programmes au cours de l’année 2006 :
– un colloque international Pierre
Restany les 30 novembre et 1er décembre 2006 Ã
l’Institut national d’histoire de l’art en partenariat avec
l’Association internationale des critiques d’art et le Palais de
Tokyo ;
– deux expositions-dossier à partir du fonds
Pierre Restany : l’une en septembre 2006 dans les salles
permanentes consacrées aux affichistes au Musée des Beaux-Arts de
Rennes ; la seconde à l’Institut national d’histoire de l’art,
galerie Colbert, sera consacrée au happening.
CONTACT PRESSE
Archives de la critique d’art
Marie-Raphaëlle Le Denmat, directrice
3 rue de Noyal 35410 Châteaugiron
mr.ledenmat@archivesdelacritiquedart.org
Tél : 02.99.37.55.29 – Fax :
02.99.37.50.84
Site : www.archivesdelacritiquedart.org
Le fonds Pierre Restany
Le fonds d’archives Pierre Restany, très complet sur la période
de 1955 au début des années 2000, rend compte de l’actualité
artistique internationale et du parcours critique de l’auteur Ã
travers un ensemble de dossiers sur des manifestations, des prix de
peinture, des expositions, des colloques etc. en Europe, en
Amérique Latine, dans les pays de l’Est, aux États-Unis. Tous les
documents ont été scrupuleusement conservés par Pierre
Restany : notes manuscrites, emplois du temps, doubles des
courriers envoyés, étapes préparatoires à l’organisation d’une
manifestation, premières versions des manuscrits et d’autres types
de documents.
Description du fonds
À ce jour, 62,2 mètres linéaires (9205 documents) ont été
répertoriés. Le fonds se compose de sa bibliothèque personnelle, de
ses écrits et de ses documents de travail.
Sa bibliothèque recense 7700 références, parmi lesquelles 2745
périodiques et 4955 ouvrages. Ses collections de périodiques et de
catalogues d’expositions monographiques et collectives couvrent la
période des années 1950 aux années 2000.
Pierre Restany a structuré et constamment nourri ses documents
de travail sous forme de dossiers thématiques ou de dossiers
d’artistes, de documents sonores et de documents visuels, parmi
lesquels plus de 4000 photographies. Aux 643 dossiers déposés avant
2003 se sont ajoutés depuis 360 dossiers d’artistes grâce au
soutien de Madame Decock-Restany. Composés de documents très divers
(manuscrits, tapuscrits, correspondance, communiqué de presse,
affiche, carton d’exposition, projets d’artiste, coupures de
presse, visuels etc.), ces dossiers abordent notamment le Nouveau
Réalisme, l’Hyperréalisme, l’Art informel, le Happening,
l’Expressionnisme abstrait, les prix et les grands événements
culturels internationaux (Biennale de Venise, Biennale de São
Paulo, Annual Avant Garde Festival of New York etc.) et les grandes
expositions françaises et étrangères.
L’inventaire du fonds Restany, sa biographie et sa bibliographie
sont disponibles en ligne sur le site des Archives de la critique
d’art (https://www.archivesdelacritiquedart.org/)
Apports
Pierre Restany a activement soutenu les Archives de la critique
d’art dès leur création en apportant d’emblée une partie de ses
archives. En 1989, il y dépose des périodiques français et
étrangers parus de 1960 à 1980, puis, en 1990, un ensemble de
trente-quatre cartons de catalogues et de dossiers d’archives, en
1995, huit cartons de dossiers d’archives, et en 1996, des écrits
et des dossiers d’archives.
À la mort de Pierre Restany en 2003, fidèle à sa mémoire,
José-Anne Decock-Restany a poursuivi cette collaboration en opérant
six dépôts, de 2003 à 2005, de plus de 180 mètres linéaires,
notamment des archives situées aux éditions de la revue
Domus en Italie.
Valorisation du fonds
Les archives de Pierre Restany représentent un témoignage
inégalable sur la création contemporaine en France et à l’étranger.
À ce titre, elles sont très sollicitées par les chercheurs. De 2000
à 2005, les Archives de la critique d’art recensent 1550
consultations du fonds.
En plus de leur mission documentaire, les Archives de la
critique d’art ont également développé un important travail de
valorisation de ces documents en suscitant des travaux
universitaires et en participant à des publications et à des
expositions :
Programmes de recherche
2004-2006 :
– Partenariat avec l’Institut national d’histoire de l’art,
Paris. Un programme documentaire a permis le classement, la
conservation, l’identification des documents de travail et leur
inventaire dans le Guide général des fonds
d’archives (www.archivesdelacritiquedart.org). Classement de 398
dossiers d’artistes issus des apports 2003-2004 de Madame José-Anne
Decock-Restany.
– Partenariat avec le laboratoire Histoire, critique et théorie
de l’art contemporain, composante de l’Équipe d’accueil Histoire et
critique des arts de l’Université Rennes 2-Haute Bretagne (plan
quadriennal 2003-2007 sur les archives de l’art de la performance).
Ce programme s’attache aux problématiques spécifiques du statut de
l’archive de la performance. Il a été l’occasion, entre septembre
2005 et janvier 2006, de l’identification et de la numérisation de
2 259 documents relatifs à la performance.
Manifestations 2006
– Exposition-dossier dans les salles
permanentes du Musée des Beaux-Arts de Rennes sur les affichistes
dans le Fonds Pierre Restany, septembre
– Colloque international sur
Pierre Restany à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA,
Paris), 30 novembre-1er décembre
Partenariat entre l’Institut national d’histoire de l’art, les
Archives de la critique d’art, l’Association internationale des
critiques d’art, le Palais de Tokyo, ce colloque a pour but
d’explorer et de cerner avec les spécialistes de la critique et de
l’art du xxe siècle les directions de recherche
permettant de mettre en valeur et interpréter les écrits et
documents rassemblés par un critique, observateur, théoricien et
acteur hors norme qui a marqué durablement de son empreinte la
scène artistique internationale. Ses objectifs précis viseront Ã
lancer une série de pistes de recherche, à élaborer un
programme de publications et à constituer les équipes pour les
mener à bien.
– Les actes du colloque seront publiés par
l’INHA en 2007.
– Le colloque sera accompagné d’une exposition
d’archives du fonds Pierre Restany consacrée au happening,
organisée en collaboration avec le laboratoire Histoire, critique
et théorie de l’art contemporain de l’Université Rennes 2-Haute
Bretagne.
– Sur la base des conclusions du colloque, un programme de
publication de sources et de textes de Pierre
Restany sera lancé aux Presses universitaires de Rennes en
2007.
Manifestations et
publications passées :
Pierre Restany : Le CÂœur et la raison,
(commissaire: Françoise Le Daniel), exposition au Musée des
Jacobins de Morlaix, 1991.
Poinsot, Jean-Marc, « Les Archives des critiques d’art : Un
échange entre Germano Celant et Pierre Restany », in
Traverses, été 1993, p. 48-57.
Murmures des rues : François Dufrêne, Raymond Hains,
Mimmo Rotella, Jacques Villeglé, Wolf Vostell, (organisée par
le Centre d’histoire de l’art contemporain, Rennes), exposition au
Musée des Beaux-arts de Rennes, juin-juillet 1994.
Périer, Henry, Pierre Restany : l’alchimiste de
l’art, Paris, Cercle d’art, 1998.
Pierre Restany en Italie : parcours d’un critique
d’art, exposition à la Galerie Art & Essai, Université
Rennes 2-Haute-Bretagne, du 17 novembre au 18 décembre 1998.
Restany, Pierre, Avec le Nouveau Réalisme, sur l’autre face
de l’art, Paris, Éditions Jacqueline Chambon (Collection
Critiques d’art), 2000.
L’Archive, entre collection et production, Galerie Art
& Essai, (commissaires : Ramon Tio Bellido et Laurence Le
Poupon) Université Rennes 2-Haute Bretagne, du 28 novembre 2001 au
11 janvier 2002.
Leeman, Richard, Mokhtari, Sylvie, Poinsot, Jean-Marc, « Dossier
Archives : Pierre Restany », in Critique d’art,
no 22, automne 2003, p.113-119.
Travaux universitaires :
Périer, Henry, Pierre Restany : biographie, chronique
d’une vie, Thèse de Doctorat d’histoire de l’art, Université
Paul Valéry Montpellier III, 1997.
Gourdon, Daniel, Le Nouveau réalisme : pratiques artistiques
et discours, le destin d’une avant-garde, Thèse de Doctorat
d’histoire de l’art, Université Rennes 2-Haute Bretagne, 1999.
Gourdon, Daniel, Le Nouveau réalisme : du groupe au
mouvement ? Mémoire de DEA d’histoire de l’art,
Université Paris I Panthéon Sorbonne, 1993.
Buteault, Rosemary. L’Activité critique de Pierre
Restany, Mémoire de Maîtrise d’histoire de l’art, Université
Rennes 2-Haute Bretagne, 1991.
Bidou, Karyne, Pierre Restany et l’Italie de 1953 Ã
1976, Mémoire de Maîtrise d’histoire de l’art, Université
Rennes 2-Haute Bretagne, 1997.
ANNEXES
Bibliographie sélective de Pierre
Restany
La bibliographie de Pierre Restany comprend plus de 1 000
références.
(Base des critiques d’art sur www.archivesdelacritiquedart.org).
Espaces imaginaires, Paris : Ed. Kamer,
janvier 1957, 11 p.
Lyrisme et abstraction, Milano : Ed. Apollinaire,
1960, 113 p., (Art Contemporain).
Les Nouveaux réalistes, Milano : Ed. Apollinaire,
1960, [Premier manifeste du Nouveau Réalisme].
A 40° au dessus de DaDa, Paris : Galerie J., 1961,
[Deuxième manifeste du Nouveau Réalisme].
Fautrier et le style informel, Paris : Hazan,
1963, 12 p., (Peintres d’aujourd’hui).
Le Livre rouge de la révolution picturale,
Milano : Ed. Apollinaire, 1968, 71 p.
Les Nouveaux réalistes, Paris : Planète / Denoël,
1968, 223 p.
L’Avant-garde au XXe siècle, Paris :
André Balland, 1969, 475 p. [En collaboration avec Pierre Cabanne.
Compte-rendu des artistes et des mouvements du début du
XXe siècle à 1969].
Livre blanc – objet blanc, Milano : Ed.
Apollinaire, 1969, 99 p. [Edition française et italienne. Réédition
finlandaise Helsinki : Werner Söderström Osakeyhtiö, 1970, 99
p.].
Le Plastique dans l’art, Monte-Carlo : Ed.
André Sauret, 1973, 197 p.
Nuovo Realismo, Milano : Ed.
Gianpaolo Prearo, 1973.
Yves Klein le monochrome, Paris : Hachette, 1974,
186 p., (Art Hachette Littérature).
Le Nouveau Réalisme, Paris : Union Générale
d’Editions, 1978, 310 p., (10/18). [Rééd. avec des compléments de
l’ouvrage Les Nouveaux Réalistes paru en 1968 aux Ed.
Planète/Denoël].
L’Autre face de l’art, Milano : Ed. Domus,
1979.
L’Aventure de l’art abstrait : de l’esthétique Ã
l’éthique, Genève : Ed. Skira, 1982, (La Grande Histoire
de la Peinture Moderne).
Une Vie dans l’art : entretiens avec Jean-François
Bory, Neuchâtel : Ides et Calendes, 1983, 134 p., (Art
contemporain). [Panorama des évènements artistiques depuis les
débuts de l’activité critique de Pierre Restany dans les années
1950].
Alain Jacquet : le Déjeuner sur l’herbe 1964-1989 – 25e
anniversaire, Paris : La Différence, 1989, 47 p, (L’Autre
Musée/Grandes Monographies).
Les Objets-plus et leurs présentations
informationnelles, Paris : La Différence, 1989, 115
p.
60/90 : trente ans de Nouveau Réalisme,
Paris : La Différence, 1990, 94 p.
Yves Klein : le feu au coeur du vide, Paris :
La Différence, 1990, 175 p.
Avec le nouveau réalisme sur l’autre face de l’art,
Nîmes : Jacqueline Chambon ; Paris : Centre national
des arts plastiques, 2000, 250 p., (Critiques d’art).
Biographie de Pierre Restany
Pierre Restany, né en 1930 à Amélie-les-Bains (Pyrénées
Orientales), est décédé à Paris en mai 2003.
Après des études secondaires réalisées au Maroc, licencié es
Lettres, il entreprend des études d’esthétique et d’histoire de
l’art en Italie et en Irlande.
Installé à Paris en 1948, Pierre Restany commence à écrire des
nouvelles et des essais littéraires en 1952 en collaborant aux
revues Libres Propos (Paris) et Symphonie
(Alger). C’est durant cette période qu’il débute sa carrière de
critique d’art. Il entretient une grande amitié avec le peintre
Jean Fautrier qu’il considère comme le maître de l’Informel et Ã
qui il consacre de nombreux articles et réalise des entretiens.
Au milieu des années 1950, Pierre Restany prend part au débat
pictural français opposant Abstraction lyrique et Abstraction
géométrique. Il s’intéresse à la gestuelle picturale présente dans
les oeuvres de Bryen ou Mathieu, et se lie d’amitié avec les
artistes Laubiès et Bellegarde. En 1955 et les deux années
suivantes, il présente les travaux de ce dernier à la galerie
milanaise Apollinaire Guido Le Noci. Il défend le travail de ces
artistes dans les revues 14 Soli (Turin), Cimaise
et Prisme des Arts (Paris). En 1956, il crée un mouvement
sous le nom d’Espaces Imaginaires, regroupant les artistes Claude
Bellegarde, Gianni Bertini, Peter Bröning, Sacha Halpern, et le
sculpteur Delahaye. Il présente leurs travaux en janvier 1957 à la
galerie H. Ramer (Paris) et en juillet 1957 Ã la galerie Guido Le
Noci (Milan). Directeur des publications H. Kamer en 1956-57, il
fait paraître une étude, Espaces Imaginaires, suivie de
plusieurs monographies consacrées aux peintres Bellegarde, Bertini
et Hundertwasser. Parallèlement à l’École de Paris, il s’intéresse
aux artistes américains de l’Expressionnisme abstrait, notamment Ã
Jackson Pollock. Cependant, les années 1957 et 1958 sont une
période de remise en question de la validité de tels mouvements
picturaux. Son livre Lyrisme et abstraction, rédigé en
1958 et édité par Guido Le Noci en 1960, est une interrogation sur
l’avenir de l’Abstraction lyrique et de l’Expressionnisme abstrait,
dont il souligne l’importance mais aussi les dangers de conformisme
et la nécessité d’évolution.
La rencontre de Pierre Restany avec Yves Klein en 1955, par
l’intermédiaire d’Arman, est décisive pour les futurs choix
esthétiques du critique. À cette date, Yves Klein parvient à la
maîtrise de ses recherches sur le monochrome. Il trouve auprès de
Pierre Restany un soutien important en préfaçant toutes les
expositions de l’artiste. L’Âœuvre d’Yves Klein permet en fait Ã
Pierre Restany de dépasser la problématique close de l’abstraction
lyrique au profit d’une ouverture plus grande vers la culture
industrielle.
En 1959, lors de la première Biennale de Paris où sont exposées
une proposition monochrome d’Yves Klein, la machine à peindre de
Tinguely et la palissade d’affiches lacérées de Raymond Hains,
Restany détermine chez ces artistes leur capacité d’appropriation
de la réalité industrielle d’après-guerre. Le 16 avril 1960, il
publie le premier Manifeste du Nouveau Réalisme, en
prévision d’une exposition qui aura lieu le mois suivant à la
galerie milanaise Le Noci et qui regroupe Arman, Dufrêne, Hains,
Klein, Tinguely, Villeglé. Le 27 octobre1960, au domicile d’Yves
Klein, il fonde le groupe des Nouveaux Réalistes, en présence
d’Arman, de Dufrêne, Hains, Klein, Raysse, Spoerri, Tinguely et
Villeglé. César et Rotella, absents, participeront aux
manifestations ultérieures du groupe. La déclaration constitutive
du groupe est rédigée par Pierre Restany en neuf exemplaires signés
par tous les adhérents présents.
En 1961, Pierre Restany fonde avec Jeannine de Goldschmidt la
galerie J, afin de permettre au Nouveau Réalisme de s’expérimenter.
C’est à l’occasion d’une exposition collective au mois de mai 1961,
dans cette galerie, que Restany rédige Second Manifeste du
Nouveau Réalisme. Le titre en est significatif : « À 40°
au dessus de Dada ». En juillet 1961 s’ouvre le premier festival du
Nouveau Réalisme à Nice. Le même mois, Restany organise une
exposition à la galerie Rive Droite de Jean Larcade intitulée
« Le Nouveau Réalisme à Paris et à New York ». Cette
exposition permet au critique d’établir des relations entre les
artistes français et américains (Rauschenberg, Johns, Chryssa,
Stankiewicz, Chamberlain). Un an plus tard, en octobre 1962,
nouveaux réalistes et néo-dadaïstes se trouvent à nouveau
confrontés lors de l’exposition « The New Realists » à la galerie
Sidney Janis à New York. En février 1963, à l’occasion du second
festival du Nouveau Réalisme à Munich, Pierre Restany publie le
Troisième Manifeste du Nouveau Réalisme, qui est une sorte
de bilan des nouvelles directions offertes par les travaux des
artistes (esthétique de l’objet, art d’assemblage, environnements,
etc.). Le festival de Munich marque la fin de l’aventure du groupe
d’artistes du Nouveau Réalisme. Chacun poursuivra par la suite une
carrière individuelle. Pierre Restany continuera à écrire sur le
Nouveau Réalisme dans divers catalogues et revues, en publiant
notamment en 1968 sa synthèse théorique intitulée Les Nouveaux
Réalistes.
En 1963, Restany s’intéresse au Mechanical Art ou Mec-Art,
notamment aux reports photographiques de décollages d’affiches par
Rotella. En octobre 1965, Ã la galerie J, lors d’un hommage Ã
Nicéphore Niepce, il rédige le manifeste du Mec-Art qui réunit
Serge Béquier, Gianni Bertini, Pol Bury, Alain Jacquet, Neiman,
Nikos et Rotella. Restany considère aussi Alain Jacquet comme un
des principaux protagonistes du Mec-Art (en mars 1989, il lui
consacre une monographie à la galerie Beaubourg). Pierre Restany
s’est aussi, durant les années 1960, engagé dans le débat sur la
crise des institutions muséales et culturelles françaises en
matière d’art contemporain. En décembre 1967, il publie aux
éditions Apollinaire de Milan un manifeste intitulé « Contro
l’Internazionale della mediocrità , verso l’estetica generalizzata :
manifeste du 14 novembre 1967 ». Le samedi 18 mai 1968, dans
le quotidien Combat, il réclame la démission d’André
Malraux et d’Alain Peyrefitte, annonce l’occupation du Musée d’art
moderne de Paris pour souligner son inutilité et la nécessité de sa
fermeture. En 1969, lors de la Biennale de São Paulo, alors qu’il
est chargé d’une section spéciale Art et technologie, il participe
à son « boycott ». Dans ce contexte de la crise de 1968,
il publie Le Livre rouge de la révolution picturale, dans
lequel il opère une mise au point de ses options artistiques et
exprime les conflits de la politique artistique et culturelle en
matière d’art contemporain. Quelques mois plus tard, Le Livre
blanc de l’art total lui permet d’exprimer sa vision de l’art
dans l’après-1968, notamment dans le domaine de l’art public.
Depuis le début des années 1960, Pierre Restany n’a cessé de
voyagé dans le monde et continuera de le faire dans les décennies
suivantes, notamment en donnant des conférences et en collaborant Ã
des expositions aux États-Unis, Québec, Brésil (Mario Pedrosa lui a
ouvert les portes de la Biennale de São Paulo en 1961), en
Australie, Tchécoslovaquie, Israël, Corse, Japon, Argentine (il est
invité par Jorge Romero Brest à l’Instituto Torquato diTella),
Russie.
Au début des années 1970, Pierre Restany s’intéresse aux nouveaux
courants artistiques tels que le Body‑Art et l’Art sociologique. Il
prête une attention particulière aux travaux de Fred Forest sur les
médias, en écrivant un essai sur chaque intervention de l’artiste
et en participant à plusieurs de ses actions vidéo (la plus célèbre
étant « Restany dîne à la coupole », 1974).
La réflexion critique de Restany durant les années 1970 et 1980,
est tournée vers les questions relatives à l’équilibre entre nature
et culture. Il cherche à lier esthétique et urbanisme, s’intéresse
aux artistes travaillant dans la ville et dans la nature. En 1976,
lors de la Biennale de Venise, il fait la connaissance du sculpteur
de l’environnement Dani Karavan, à qui il dédie de nombreux
articles, catalogues et ouvrages.
Son attention est aussi retenue par les travaux de Nissim
Merkado, Jean‑Pierre Raynaud, le groupe SITE, Peter Gnass, Ignazio
Moncada. Aux États‑Unis, il participe à la fondation de la Stuart
Collection, Musée vivant de sculptures environnementales situé sur
le campus de l’Université de San Diego en Californie, dont il est
un des experts dès 1980. En juillet‑août 1978, Pierre Restany
entreprend un voyage en Amazonie, où il remonte en bateau le Rio
Negro, principal affluent nord de l’Amazone. Durant ce périple, il
rédige le 3 août 1978, le « Manifeste du Rio Negro du
Naturalisme Intégral », dans lequel il prône la régénération de la
perception et de la sensibilité par une redécouverte de la Nature.
En 1979 et 1980, Pierre Restany, Sepp Baendereck, Frans Krajcberg,
organisent une série de conférences sur ce thème du rapport
nature/culture dans plusieurs pays. D’avril‑mai 1979 à février‑mars
1981, il fonde à Milan, avec Carmelo Strano, la revue Natura
Intagrale, qui rend compte de l’ampleur de ces recherches et
de leur écho dans le monde de l’art.
Durant les années 1980, sa réflexion sur la culture postmoderne
aboutit à la publication d’un ouvrage intitulé Les Objets‑Plus
et leurs présentations informationnelles (version revue et
amplifiée à Milan en 1990), dans lequel il traite du rapport entre
l’art et la culture post‑industrielle. En 1984‑85, sur invitation
de Maria Grazia Mazzocchi, il prend part à la fondation à Milan de
la Domus Academy, un institut post‑universitaire de recherches sur
la mode et le design. Membre du comité d’organisation de
l’Olympiade des Arts, programme artistique lié aux Jeux Olympiques
de Corée, il est à l’origine du Parc Olympique de Sculptures de
Séoul réalisé en 1987‑88 et qui rassemble 200 oeuvres
internationales.
De 1999 à 2003, Pierre Restany préside le Palais de Tokyo, site
de la création contemporaine.
Il consacre son dernier essai à Yves Klein Le Feu au cœur du
vide, paru aux éditions de La Différence en 2000.
José-Anne Decock-Restany
Jos Decock est née à Courtrai en Belgique. Elle suit les cours
de l’École des Beaux-arts de Bruxelles de 1950 à 1954 et obtient le
diplôme d’enseignement professionnel du dessin. Elle s’installe Ã
Paris en 1956 dans le quartier de Montparnasse. Cette même année,
elle expose à la Galerie Apollo puis à la Galerie Voyelles. Jos
Decock fait des rencontres déterminantes tout au long de sa
carrière : Colette Allendy (galeriste), Madeleine Rousseau,
R. Van Gindertael (critique), André Verdet. Elle est la compagne de
Pierre Restany depuis 1970. L’Âœuvre de Jos Decock est présente dans
de nombreuses collections publiques et privées. Elle mêle à la fois
poésie et lyrisme en faisant « table rase de tout un passé
figuratif et de tout un apprentissage académique » (in cat. Jos
Decock : dessins et aquarelles, Nemours, Château,
1988).
Les Archives de la critique
d’art
Les Archives de la critique d’art ont pour vocation de
rassembler, conserver et mettre en valeur les documents et ouvrages
accumulés par les critiques d’art au cours de leur carrière ainsi
que de développer toute action susceptible de contribuer à la
connaissance de l’activité critique, du journalisme à la réflexion
théorique. Elles prennent place à côté des documentations des
musées d’art moderne et contemporain et des bibliothèques
d’histoire de l’art.
L’activité critique, lieu d’engagement et de réflexion auprès de
la création artistique contemporaine, conduit les auteurs et leurs
interlocuteurs à produire une documentation qui témoigne
directement du débat esthétique. C’est cette documentation que les
Archives de la critique d’art veulent préserver aux côtés de la
littérature critique proprement dite.
42 fonds d’archives représentent la mémoire des témoins et
acteurs de la scène artistique des cinq dernières décennies et 189
fonds d’écrits sont la photographie exacte de la critique d’art
contemporaine. Une importante bibliothèque spécialisée vient en
appui des fonds pour enrichir les problématiques de recherche.
Les fonds d’archives de critiques d’art couvrent une période
allant de l’après-guerre jusqu’à nos jours : archives de Michel
Ragon sur l’art abstrait, de Frank Popper sur l’art cinétique,
d’Otto Hahn sur le Pop art, de Roberto Pontual sur l’art
néo-concret, de Dany Bloch sur l’art vidéo, de François Pluchart
sur l’art corporel etc.
L’ensemble des collections comprend 60 000 imprimés,
40 000 photographies, 21 600 périodiques et 360 ml de
dossiers d’archives avec plus de 10 000 lettres
d’artistes (César, Tinguely, Marcel Duchamp, Robert
Rauschenberg, Claes Oldenburg, Daniel Spoerri, Jean Hélion,
François Dufrêne etc.).
Les Archives de la critique d’art valorisent les fonds en
développant des programmes scientifiques et des programmes de
recherches. Des partenariats ont été ainsi engagés ces dernières
années avec l’université Rennes 2- Haute Bretagne, l’Institut
national d’histoire de l’art, Paris (INHA), l’Office
franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ), l’Union européenne
(programme « Culture 2000 »). Pour la collecte des fonds d’écrits
des critiques d’art, les Archives de la critique d’art travaillent
en étroite collaboration avec l’Association Internationale des
Critiques d’Art (AICA).
Association sous la loi 1901, les Archives de la critique d’art
sont soutenues par le ministère de la Culture (DRAC Bretagne et
Délégation aux arts plastiques), la Région Bretagne, la Ville de
Rennes et le Département d’Ille et Vilaine. Elles ont bénéficié
également du soutien de l’Union européenne dans le cadre de «
Culture 2000 ».
Les Archives de la critique d’art sont présidées par Jean-Marc
Poinsot, professeur d’histoire de l’art à l’université Rennes
2-Haute Bretagne, directeur du Département des études et de la
recherche à l’Institut national d’histoire de l’art, Paris.
Plus
Date / Heure
11 octobre 2007 14 h 48 min - 14 h 48 min(GMT+00:00)