Corpus Archives
Les corpus archives font le focus sur un fonds particulier, comme un fonds nouvellement arrivé, sur une thématique, ou sur un document singulier, unique, ou en écho à l’actualité de la critique.
Consulter également le Carnet de recherche Les lunettes de Restany dédié aux relations multiples qui se tissent entre critique, art et archives depuis 1945, initié par le séminaire « Histoire de l’art contemporain », en Master 2 « Histoire et critique des arts » et « Histoire, théorie et critique de l’architecture » de l’université Rennes 2, coordonné par Antje Kramer-Mallordy.
Plateforme sur Nathalie Magnan
Accès à la plateforme Pearltrees
A travers la plateforme de curation Pearltrees, les Archives de la critique d’art ont choisi de présenter Nathalie Magnan (1956-2016).
Selon ses propres mots, Nathalie Magnan était activiste et critique culturelle, tacticienne des médias (anciens et nouveaux), webmistress, réalisatrice, cyberféministe, présidente puis ex-présidente du Festival de films gays et lesbiens de Paris, professeure, autrice, journaliste, etc. Enseignante généreuse, elle aimait transmettre aux jeunes artistes l’art comme pratique de liberté.
Ses archives ont intégré la collection de l’INHA-Archives de la critique d’art, par l’entremise de Reine Prat, en 2020. Depuis cette date, le fonds est traité, classé, conservé, signalé, valorisé avec l’aide de stagiaires volontaires motivés et l’équipe des Aca, en lien avec des projets scientifiques, éditoriaux et les travaux des étudiants sur le fonds.
Le travail immersif dans les archives et les recherches à travers le web ont permis de faire émerger et de rassembler des contenus parfois mal référencés par les moteurs de recherche et peu visibles. Ce corpus de pages web, articles, vidéos, images… , organisé sous la forme d’une arborescence simple, propose aux internautes une lecture et une approche attractive du parcours critique de Nathalie Magnan.
Ephemera et objets activistes du fonds Nathalie Magnan
Nathalie Magnan (1956-2016) est théoricienne activiste des médias, cyberféministe, et réalisatrice française. Ses archives, données par Reine Prat en 2020, versées dans la collection de l’INHA-Archives de la critique d’art, sont vastes, riches et complexes.
Les points d’entrée y sont multiples et s’enchevêtrent parfois, à l’image des engagements politiques et intellectuels de l’autrice. Émergeant du fonds d’archives, cet ensemble de documents réunit les traces visuelles d’une histoire de l’activisme queer aux États-Unis à la fin du XXe siècle. Nathalie Magnan arrive aux États-Unis au début des années 1980 et ne retournera en France que dix ans plus tard. Cette décennie correspond à l’émergence du sida qui, plus qu’une épidémie, fut aussi une crise politique et sociale profonde. Les objets de ce corpus sont des ephemera. Ce sont, comme l’explique l’historienne et critique des arts Elisabeth Lebovici des « matériaux visuels qui sont, par vocation, destinés à être multipliés, disséminés, transitoires, jetés après que leur péremption eut été effective » [LEBOVICI, Elisabeth. Ce que le sida m’a fait – Art et activisme à la fin du XXe, Paris : JRP Ringier, 2017, p.11]. Utilisés dans les mouvements activistes comme outils de lutte, leur présence dans les archives témoigne d’une résistance face à l’oubli ; une résistance menée par Nathalie Magnan dans sa manière même de collecter et d’archiver les traces.
Liste des documents :
- « The dyke manifesto » : manifeste rédigé par le collectif new-yorkais d’activistes féministes lesbiennes The Lesbian Avenger. Produit en 1993, ce manifeste est le résultat d’un travail collectif entre les différents membres du collectif. Toutefois, Carrie Moyer, l’une des membres, signe la partie graphique du document. Celui-ci avait pour but d’être disséminé lors de manifestations ou au sein des réseaux militants. Il contient les lignes politiques directrices du collectif et invite le.la lecteur.ice. à les rejoindre.
- Carte postale No sex produite par l’autrice américaine de bande dessinée Alison Bechdel. Elle s’impose à partir des années 1980 grâce à ses streap de bande dessinée à travers lesquels elle parle aux communautés lesbiennes depuis sa propre expérience de lesbienne.
- Programme de l’exposition « Representation of our (R)age : A Community Discussion of Feminism, Art and Media Activism », mai [1989], Santa Cruz.
- Planche d’autocollants produits par Act Up-New York pour l’appel à la mobilisation le 23 janvier 1991, « Journée du désespoir ».
- Ensemble d’autocollants du collectif Queer Nation (1990).
- Carton d’invitation pour une soirée du Club Q (1989).
- Carte du collectif activiste AKIMBO, basé à San Francisco.
- Carte du producteur de film indépendant Esoterix Pix drag king culture.
- Carte postale « Significant No-No’s : What not to do after the big break-up » de Mary-Linn Hughes, produit au Women’s Graphic Center (1984).
- Un numéro spécial sur l’activisme culturel du journal The Village Voice (octobre 1983).
- Rouleau d’autocollant ACT UP silent = death.
- Grand macaron ACT UP silent = death.
- Carte postale « join lesbians united », Jill Posner, The Women’s Press (1981).
- Ensemble de pin’s.
Texte par Blaise Leroy (2022).
Les cahiers d’Alain Jouffroy dans les archives de Luce Hoctin
« Il y a autant de différences entre un poème et un roman qu’entre un tigre et un lit, un orage et un thermomètre. Le premier est mouvement, le second est attente ; ou plutôt ‘remise à plus tard’ d’une explication dont on se contentera. Un poème ne se traduit pas : il se ressent. […] On doit bousculer la sensibilité de son lecteur comme un vent bouscule (arrache et caresse) les rivages, change la couleur d’un ciel » (Cahier 18).
Le fonds Luce Hoctin conserve 22 cahiers format A5 écrits de la main d’Alain Jouffroy entre 1947 et 1956. Le corpus rassemble les cahiers de naissance des poèmes surréalistes Attulima et Pantogamor, des cahiers rédigés en Italie rendant compte de sa critique de l’œuvre de Matta (complété par un cahier dans le fonds Alain Jouffroy) et de bribes poétiques sur La condition Jouffroy (Cahiers 15 et 16), et d’autres encore dans lesquels il aborde, en poèmes et en prose, les arts, les problèmes métaphysiques, les pulsions de vie, de mort et de sexe, les rêves et l’écriture. Certains écrits sont accompagnés de dessins.
Poète, critique et penseur métaphysique, sa rencontre amoureuse avec Luce Hoctin en mars 1949 (lorsqu’il a 21 ans et elle 33) semble bousculer sa vision du monde. Ses notes personnelles sont plus nombreuses et se teintent de sa présence (surtout dans Cahier 1), et il l’incorpore dans son monde poétique en l’associant sans cesse à la lumière ou à l’océan. Le sexe devient alors un sujet important dans ses écrits, et il commence à se pencher sur celui de l’amour : « L’amour, ç’a été pour moi la découverte poétique de la lucidité – le calme avec lequel nostalgiquement j’envisage mon avenir, mon personnage même, est celui d’un homme que la lumière a irradié […] (Luce est l’aurore de ma personnalité, en ceci qu’elle joue le rôle du soleil à partir duquel tout s’organise pour moi érotiquement aujourd’hui) » (Cahier 1).
La poésie semble le medium qu’Alain Jouffroy privilégie : 20 des 22 cahiers en contiennent. Ses poèmes peuvent émaner de réflexions métaphysiques, de notes à propos de situations triviales avec Luce, de l’inspiration que lui procurent d’autre œuvres (poétiques, picturales) … Il livre par exemple, à propos de son poème épique : « Attulima, l’Enfer de l’Immobilité, c’est le Pèlerin du Doute de Matta qui a dû m’en souffler l’idée » (Cahier 6). Les cahiers d’Attulima et de Pantogamor sont des mines d’or de sa création poétique : ils rendent compte des premiers jets, des premiers tâtonnements et des transformations de ces premiers poèmes narratifs. Il annote, rature, barre, réécrit ses poèmes.
Mais ses cahiers sont aussi emplis de pensées sur ce qu’est la poésie, ce qu’est le poète, et sur l’écriture elle-même : « Le dernier mot d’un poème doit être une petite fin du monde » (Cahier 1). Il se confesse également parfois – plus rarement – sur la fonction que l’écriture tient pour lui : « Ma décision de devenir écrivain est imbriquée dans mes premiers conflits avec mon père. / C’est ma chaîne (le langage, sous le poids duquel je succombais) dans laquelle j’entrevis ma libération future » (Cahier 4).
L’Architecture dans les collections des ACA
« Je n’ai rien contre les historiens d’art, ni les historiens de l’architecture. Bien au contraire, je leur suis reconnaissant des précisions qu’ils apportent et qui me servent de références pour mon travail. Mais là, il s’agit de critique à postériori. La critique architecturale que j’essaie de faire et qui, dans une large mesure, est encore un genre à créer, est une critique d’actualité…
Si je tente de définir ce qui sépare et rapproche les historiens de l’architecture, et les critiques d’actualité, c’est qu’une confusion se fait souvent à ce sujet…
Après m’être obligé, pendant des années, à tenter de faire par les journaux et les éditeurs l’idée d’une critique architecturale, j’ai maintenant la satisfaction de voir que ce genre est non seulement reconnu, mais qu’il est demandé » (Tapuscrit de Michel Ragon, [1969]. FR ACA MARAGO.XE005).
Des dossiers et/ou pièces sur l’architecture et la critique d’architecture dans les fonds de critiques et d’institutions constituent une collection cohérente datée des années 1960 à 2000.
Les fonds Michel Ragon et Biennale de Paris 1959-1985 forment deux ensembles conséquents. Les fonds AICA, Bureau des compétences et désirs (Marseille), Pierre Cabanne, Michèle Cone, Don Foresta, Gérald Gassiot-Talabot, Maximilien Gauthier de la BnF-Paris, Jacques Leenhardt, Yann Pavie et Pierre Restany complètent ou font écho à ce premier corpus.
Les documents sont variés et nombreux : tapuscrits, correspondance, coupure de presse, notes, écrit, tirage photographiques et diapositive, carton, affiche, compte rendu d’exposition, communication, fiche d’artiste, projet, plan, livre, périodique…
D’un fonds à l’autre, certains sujets et documents résonnent entre eux ou se complètent. Le dossier sur l’exposition « Architectures marginales aux USA » au Centre culturel américain de Paris en 1975 dans les fonds Don Foresta et Yann Pavie en est un exemple. L’influence de Le Corbusier se fait aussi ressentir dans plusieurs fonds, notamment ceux de Michel Ragon, Pierre Restany et Gérald Gassiot-Talabot (dont un dossier entier lui est dédié). Dans les archives de Pierre Restany, des documents rassemblés sur la personnalité de Michel Ragon le définissent comme « Michel Ragon : un nouveau critique pour une nouvelle architecture » (Tapuscrit de Pierre Restany, 1969. FR ACA PREST THE ARC001).
Inventaire détaillé des archives sur l’architecture (juin 2020).
Fonds Gérald Gassiot-Talabot
Depuis septembre 2016, le fonds d’archives de Gérald Gassiot-Talabot a été augmenté d’une cinquantaine de dossiers donnés par Benoît Gassiot-Talabot. Outre les manuscrits et tapuscrits originaux de nombreux livres et articles rédigés pour la revue Opus International (fondée par Gérald Gassiot-Talabot en 1967), les documents confiés aux Archives de la critique d’art couvrent la période 1962-1990, avec des dossiers thématiques (Architecture, Art conceptuel, Art sociologique, Beaubourg, Surréalisme, Vidéo art), des dossiers relatifs à des expositions (Biennale de Paris de 1969 et 1971, Documenta 5 [1972]), ainsi que des dossiers d’artistes (Adami, Michel Journiac, Jean Le Gac, Yehuda Neiman, James Rosenquist, Wolf Vostell, Andy Warhol).