La Critique d'art et le musée : dynamiques et enjeux d’une relation au XXe siècle

26août(août 26)9 h 00 min23oct(oct 23)23 h 59 minLa Critique d'art et le musée : dynamiques et enjeux d’une relation au XXe siècleAppel à communication

Détails de l'événement

La Critique d’art et le musée : dynamiques et enjeux d’une relation au XXe siècle

Journée d’étude, printemps 2025
Unité de recherches Histoire et critique des arts
Université Rennes 2

Le 18 mai 1968, à Paris, un groupe de critiques d’art manifestant se rassemble aux abords de l’avenue du Président Wilson, portant l’ambition d’occuper le Musée National d’Art Moderne. À la tête de cette foule, Pierre Restany (1968) élève sa voix, entonnant le discours d’une « autre Bastille bourgeoise à abattre : après la Sorbonne, le Musée national d’art moderne ». Les événements des années soixante cristallisent dans le monde occidental une crise de confiance du milieu intellectuel envers le musée et ses objets, déjà perceptible depuis les écrits de Pierre Bourdieu et Alain Darbel (1966). Les réflexions de l’époque sur les structures institutionnelles de l’art ébranlent profondément le fonctionnement du musée autant que celui de la critique d’art, en écho aux développements et à la remise en cause des conceptions traditionnelles de l’autonomie formelle de l’oeuvre d’art.
Malgré sa centralité, la relation entre critique d’art et musées est jusqu’à présent restée une question discrète des recherches universitaires et institutionnelles en histoire de l’art et en étude des musées. L’institution muséale et la critique d’art ont pourtant connu des développements concomitants depuis leurs origines et des liens évidents les relient. Si elle est définie comme un genre littéraire autonome par Albert Dresdner (1915), la critique d’art existe pourtant toujours au sein d’un contexte historique multidimensionnel. Elle participe à produire les conditions nécessaires de légitimation et de valorisation de la création artistique contemporaine et entretient des rapports étroits avec les pratiques de l’exposition, de la collection et de la patrimonialisation de l’art – activités traditionnellement prises en charge par les musées. À l’inverse, certains directeurs de musées, comme le français Jean Cassou et l’américain James Johnson Sweeney, venaient du domaine de l’écriture sur l’art et participaient autant aux activités de l’Association internationale des critiques d’art (AICA) que du Conseil International des Musées (ICOM). Les missions du musée et de la critique d’art ont également fait l’objet de désaccords idéologiques récurrents au sein des systèmes culturels occidentaux, mettant en lumière l’importance de leurs relations réciproques.
Au cours de cette journée d’étude, notre objectif est d’explorer les différentes modalités des relations de la critique d’art et des musées au XXe siècle. En analysant leurs domaines respectifs, leurs
parcours et leurs circulations, nous chercherons à éclairer leurs actions conjointes, leurs oppositions et leurs effets réciproques. Bien que cette étude parte d’un point de focal ancré dans le monde occidental, toute proposition ouvrant vers d’autres aires géographiques sera la bienvenue. Pour cela, nous proposons de nous intéresser à trois axes thématiques :

Circulations, croisements et transferts entre la critique d’art et le musée

  • Par quelles opérations de translation internationales ou transnationales les relations entre les réseaux critiques et institutionnels de l’art s’organisent-elles ? Quels en sont les dynamiques et les effets ? Quelle place les organismes culturels supranationaux tels que l’AICA et l’ICOM occupent-ils dans ces échanges ?
  • Quels sont les impacts des circulations transnationales entre la critique d’art et le musée sur la possible réévaluation du modèle traditionnel de “centre” et de “périphérie” dans la géographie artistique ?
  • Quels sont les impacts des tensions géopolitiques (guerres mondiales, Guerre froide, luttes postcoloniales, etc.) sur ces relations ?

Fonctions sociales de la critique d’art et du musée

  • Comment la critique d’art évolue-t-elle et s’implique-t-elle dans la transformation du musée, de son action culturelle ? En quoi participe-t-elle à la création du musée « forum » ou « laboratoire », à son déploiement dans l’espace public ?
  • À l’inverse, quelles places les acteurs de musées choisissent-ils de prendre dans les espaces éditoriaux de la critique d’art ?
  • En tant qu’acteurs de l’écriture de l’histoire de l’art qui lui est contemporain, quels récits la critique d’art et le musée produisent-ils ? En quoi sont-ils semblables ou particuliers ?

Formes pratiques et enjeux des médias de la critique d’art et du musée

  • En quoi les médias privilégiés du musée (collections, expositions…) et de la critique d’art (revues d’art, préfaces et catalogues d’exposition…) se distinguent-ils ou se rapprochent-ils ?
  • Quelles formes et pratiques autorisent-ils ? Quels en sont les effets médiatiques particuliers ?
  • Quels rôles jouent les revues d’art en termes de traduction, de diffusion et de réception des nouvelles pratiques muséales ?

Les propositions de communication doivent inclure une présentation de 1500 caractères (espaces inclus), une bibliographie succincte et une biographie de l’auteur de 500 caractères. Veuillez les envoyer avant la date limite du 23 octobre 2024 à l’adresse suivante : je.critiquemusee@gmail.com.
Les propositions seront examinées par le comité de scientifique et une réponse vous sera communiquée dans la semaine du 11 novembre.

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Date / Heure

26 août 2024 9 h 00 min - 23 octobre 2024 23 h 59 min(GMT-11:00)